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#1 06-06-2025 09:47:57

Climax
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Et si le dollar cessait d'être la monnaie du monde ?


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Le dollar, c'est un peu le centre de gravité de la finance mondiale. Qu'on le veuille ou non, tout tourne encore autour de lui : les échanges internationaux, les réserves de change, les flux de capitaux… Il reste le socle du système monétaire global.

Pourtant, les signaux d'alerte se multiplient : dettes qui explosent, impression monétaire à tout-va, tensions géopolitiques croissantes. Certains prédisent même la fin imminente de l'hégémonie du billet vert. Mais ces scénarios catastrophes passent souvent à côté d'un élément essentiel : les fondations structurelles qui rendent le dollar si difficile à détrôner.

Changer de monnaie dominante, ce n'est pas comme changer de fournisseur internet. L'histoire montre que cela prend du temps, beaucoup de temps, et qu'il faut un enchaînement bien particulier de circonstances pour que le basculement se produise. Et aujourd'hui, rien ne semble encore en place pour provoquer ce grand renversement.

Le dollar : toujours roi, malgré les secousses

Aujourd'hui encore, près de 60 % des réserves mondiales sont libellées en dollars. C'est cinq fois plus que l'euro, et vingt-cinq fois plus que le yuan chinois. Les États-Unis gardent donc une nette avance, même si les critiques se font plus bruyantes.

Certes, les vulnérabilités s'accumulent : dette publique massive, déficits financés par la création monétaire, usage politique du dollar via les sanctions, et un intérêt croissant pour d'autres supports comme l'or, les cryptos ou les règlements en monnaies locales. Cela pousse de nombreux pays à se poser la question de la diversification.

Mais attention à ne pas confondre tendances lourdes et effondrement brutal. Les précédents historiques – comme le déclin du florin néerlandais ou de la livre sterling – montrent plutôt un glissement lent, discret… et souvent négligé jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour l'ignorer.

Pourquoi ces transitions prennent des décennies

La sortie d'une monnaie de réserve ne se fait pas du jour au lendemain. C'est un processus lent, marqué par une perte progressive de confiance, des changements géopolitiques, et surtout l'émergence – ou non – d'une alternative crédible.

Prenons la livre sterling. Même affaiblie après deux guerres mondiales, elle est restée une monnaie mondiale de référence jusque dans les années 1950, et n'a véritablement cédé sa place au dollar qu'à la suite de la crise de Suez et du réalignement de Bretton Woods.

La raison de cette inertie ? Les contrats, les institutions, les systèmes de paiement : tout est profondément enraciné dans la devise dominante. En clair, on ne change pas les rails d'un train en marche.

Une alternative crédible : pas si simple

Pour qu'une autre monnaie prenne le relais, il ne suffit pas qu'elle existe. Il faut aussi qu'elle inspire confiance, qu'elle soit liquide, accessible, et qu'elle bénéficie d'un marché profond.

L'euro, par exemple, est handicapé par une union fiscale incomplète. Le yuan est freiné par les contrôles de capitaux et le rôle encore très fort de l'État dans l'économie chinoise. Quant à l'or, s'il rassure, il n'est pas conçu pour les échanges quotidiens à grande échelle.

Même avec les difficultés budgétaires américaines, le dollar bénéficie encore d'une avance structurelle difficile à rattraper. Il dispose d'un filet de sécurité : sa profondeur institutionnelle et ses effets de réseau. Ce n'est donc pas un effondrement qu'il faut craindre, mais une lente érosion.

Les failles qui sapent progressivement la domination du dollar

Les menaces qui pèsent sur le dollar ne viennent pas d'un choc soudain, mais d'une accumulation de déséquilibres.

Une dette qui dérape, même en temps calme

Les États-Unis creusent des déficits massifs alors même qu'ils ne sont pas en guerre et que leur économie est en croissance. Ce sont ces déficits qui nourrissent une dette devenue ingérable sans intervention de la Réserve fédérale.

En clair, ce n'est pas le défaut de paiement qui inquiète le plus, mais plutôt la perte de valeur du dollar dans le temps.

Un outil géopolitique de plus en plus contesté

Le dollar est aussi devenu une arme diplomatique. Les sanctions imposées à la Russie ou les menaces envers la Chine ont envoyé un message clair : être trop exposé au billet vert, c'est aussi s'exposer à des décisions politiques unilatérales. Cela pousse même les alliés à envisager des alternatives.

Une quête de solutions de rechange

Dans ce climat, beaucoup cherchent à s'affranchir du dollar. On assiste à un retour en grâce de l'or, à la montée des actifs numériques, et à l'essor de systèmes de paiement bilatéraux ou régionaux.

Même si ces alternatives ne sont pas encore à la hauteur, la direction est claire : une diversification prudente mais réelle.

Un privilège de plus en plus remis en question

Individuellement, ces vulnérabilités pourraient être absorbées. Ensemble, elles forment un signal inquiétant : le statut de « valeur refuge » du dollar n'est plus acquis.

La diversification n'est pas une démarche idéologique : c'est une stratégie défensive de plus en plus répandue.

Quand l'économie bascule ailleurs…

Le statut de monnaie de réserve suit l'évolution du pouvoir global. Quand l'économie dominante décline, sa monnaie finit par suivre.

Le florin néerlandais a perdu sa position en même temps que les Pays-Bas perdaient leur emprise commerciale et militaire face à l'Angleterre. La livre sterling a tenu bon tant que l'Empire britannique le permettait, mais les deux guerres mondiales ont fini par sceller son sort.

Et dans les deux cas, les dévaluations chroniques ont été le dernier clou dans le cercueil.

Retour en arrière ? Très peu probable

Il est théoriquement possible d'inverser la tendance. Mais cela supposerait des efforts monumentaux : assainir les finances publiques, restaurer la discipline monétaire, reconstruire la crédibilité des institutions…

Le problème, c'est que ces réformes vont à l'encontre des logiques électorales. Les dirigeants agissent souvent sur le court terme, poussés par les pressions politiques. Résultat : peu de chances qu'un vrai sursaut ait lieu avant qu'il ne soit trop tard.

Pourquoi le dollar reste (encore) incontournable

Beaucoup oublient que le dollar n'est pas juste une monnaie. C'est aussi une infrastructure. Un écosystème complet, fait de contrats, de marchés, d'habitudes.

Un système verrouillé par les effets de réseau

Presque tout le commerce mondial se fait en dollars, et les bons du Trésor américains sont les seuls actifs capables d'absorber des montants colossaux sans provoquer de panique.

Changer cette logique, ce serait comme reconstruire internet avec une autre langue. Théoriquement possible, mais extrêmement coûteux.

Le dollar, refuge même en temps de crise

Ironie du sort : plus les crises se multiplient, plus la demande de dollars augmente. Près de 13 000 milliards de dettes en dollars existent hors des États-Unis. En cas de turbulences, tout le monde cherche à sécuriser ses positions… en dollars.

Même la Chine, qui veut sortir de cette dépendance, est obligée de continuer à s'en procurer pour payer ses importations ou rembourser ses dettes. Ce mécanisme d'auto-renforcement rend l'effondrement peu probable.

Les limites des alternatives

L'euro ? Trop fragmenté. Le yuan ? Trop contrôlé. L'or ? Pas assez liquide. À ce stade, aucune autre option ne coche toutes les cases pour remplacer le dollar dans son rôle mondial.

Il faudrait repenser l'architecture entière de la finance mondiale. Autant dire que ce ne sera pas pour demain.

Ce que ça signifie pour les investisseurs

Pour ceux qui investissent ou tradent, la leçon est claire : ne pas tout miser sur le dollar.

L'or, les ETF adossés à l'or, ou même les actions étrangères, permettent de se couvrir contre une dépréciation progressive du dollar.

Mieux vaut penser diversification à long terme que parier sur un crash soudain. Car même si la domination du dollar s'effrite peu à peu, le système ne changera pas du jour au lendemain.

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Le trading de CFD implique un risque de perte significatif, il ne convient donc pas à tous les investisseurs. 74 à 89% des comptes d'investisseurs particuliers perdent de l'argent en négociant des CFD.

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