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#1 15-09-2022 21:33:35

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L'Uranium futur roi de l'énergie


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Le monde est confronté au défi de répondre à la demande mondiale croissante d'électricité. Avec une population grandissante et un nombre accru de technologies fonctionnant à l'électricité, ainsi que la transition en cours vers des véhicules à moteur électrique, la demande mondiale d'énergie est susceptible de croître de manière exponentielle. Compte tenu de la pénurie de l'offre, de la hausse des prix des matières premières énergétiques, la hausse des prix de l'énergie pourrait pousser l'humanité à se tourner uniquement vers les sources d'énergie les plus efficaces. L'Europe est confrontée à la perspective d'une crise énergétique, en raison de son manque de diversification des sources d'énergie et de sa dépendance à l'égard des approvisionnements en gaz russe. La guerre en Ukraine a attiré l'attention du monde entier sur la question des approvisionnements énergétiques, et la hausse des prix incite tous les pays dépendants énergétiquement à débattre de la sécurité énergétique mondiale, car l'énergie est désormais le poumon de l'économie mondiale.

Les deux sources d'énergie les plus efficientes sur Terre, à savoir l'uranium et l'hydroélectricité, ne représentent que moins de 10 % de l'énergie mondiale produite. Ces deux sources ne laissent aucune empreinte carbone et font partie des tendances vertes fondées sur le souci de préserver au mieux la planète. Toutefois, dans l'analyse d'aujourd'hui, nous porterons exclusivement notre attention sur l'uranium, qui est la source d'énergie naturelle la plus puissante. Un gramme d'uranium enrichi équivaut à 3 tonnes de charbon. Y a-t-il une chance que le monde se tourne à nouveau vers l'uranium ?

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Le prix au comptant de l'uranium enrichi U308 a augmenté de près de 115 % au cours des deux dernières années, offrant un rendement supérieur aux investissements dans le S&P500, le dollar américain, l'or, les obligations américaines et le Bloomberg Commodity Index. Source : Sprott

Pourquoi l'énergie nucléaire ?

Nous vivons actuellement une période particulière, car nous nous apprêtons à connaître une grave crise énergétique, malgré une forte croissance économique au cours des dernières années. L'électricité est coûteuse, et sa production est soumise à des facteurs qui alimentent davantage la spirale inflationniste. C'est là que l'uranium, qui reste la source d'énergie la plus efficace malgré une mauvaise image relayée par les médias, entre en jeu. En Europe, les prix de l'énergie sont montés en flèche, atteignant des niveaux jamais revisités depuis des décennies. Comment faire face à une telle situation ?

Les centrales nucléaires sont la source d'énergie la plus efficace sur Terre, mais pendant de nombreuses années, notamment suite aux catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, elles n'ont pas bénéficié d'un sentiment positif de la part de l'opinion publique et des politiciens, ce qui a réduit la demande mondiale d'uranium. Aujourd'hui, les installations ultramodernes sont soumises à des règles de sécurité très strictes. Le nombre d'accidents dans les centrales électriques est incomparable au nombre de catastrophes dans les mines de charbon ou les parcs éoliens. Face à la crise énergétique qui se profile, les responsables politiques sont contraints d'examiner sérieusement les faits, en faisant abstraction des tendances et des liens économiques étroits tissés au fil des ans, comme ce fut le cas entre l'Allemagne et la Russie.

Malgré une augmentation de plus de 100 % au cours des deux dernières années, le prix de l'uranium, principal combustible des centrales nucléaires, reste inférieur au seuil de rentabilité de la production pour de nombreux fournisseurs. C'est ce qui a incité le fonds appartenant au milliardaire canadien, Eric Sprott, à effectuer des achats records d'uranium physique au cours de l'été 2021, provoquant une flambée des prix de cette "ressource dormante". Sprott a pris connaissance d’informations selon lesquelles les centrales nucléaires recevaient régulièrement des offres de fournisseurs allant jusqu'à plusieurs fois le prix du marché de la matière première, ce qui a attiré l'attention de l'institution sur le prix "sous-évalué" de l'uranium physique. De l'été 2021 à la fin du premier trimestre de cette année, le Fonds Sprott a acheté près de 25 000 tonnes d'U308, soit près de la moitié des besoins annuels mondiaux en uranium.

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Le ratio de retour énergétique sur l'énergie investie (EROI : Energy return on investment) plaide en faveur de l'énergie nucléaire. Le plus incertain reste les énergies renouvelables, dont les performances énergétiques dépendent de nombreux facteurs externes et sont donc difficilement prévisibles. De plus, les prix des matériaux nécessaires (terres rares, acier, béton, etc.) pour construire un parc éolien ou solaire pèsent lourdement sur l'EROI. Le charbon et le gaz sont assez bien positionnés, mais compte tenu de l'empreinte carbone, la source la plus favorable s'avère être l'hydraulique et le nucléaire, l'approvisionnement en énergie d'origine nucléaire étant tout à fait prévisible, à l'instar du charbon et du gaz. La capacité tampon, c'est-à-dire une valeur qui prend en compte le stockage d'énergie (barres en pointillées), plaide aussi en faveur du nucléaire. L'efficacité de l'énergie nucléaire est également soulignée par des études menées par des chercheurs d'universités de premier plan comme Harvard et le MIT (Massachusetts Institute of Technology). Source : Forbes, Weißbach, UEC

Un changement global dans le storytelling nucléaire ?

Le Japon, qui a tourné le dos aux centrales nucléaires à la suite de la catastrophe de Fukushima, prévoit de rouvrir 17 d'entre elles, soit près de la moitié du total des centrales fermées après 2011, comme l'a annoncé le président japonais, Fumio Kishida. Certaines études d'experts réalisées à la suite de la catastrophe de Fukushima font état de dommages relativement mineurs causés par l'accident de la centrale. Il est important de noter que la cause de l'accident était un tsunami et, contrairement à Tchernobyl, n’était pas dû à un défaut de sécurité des réacteurs. Les analystes de la Bank of Scotland indiquent que 21 centrales supplémentaires seront ouvertes au Japon d'ici 2030. Selon Reuters, l'Allemagne pourrait également maintenir trois centrales nucléaires ouvertes l'année prochaine, ce qui entraînerait une réduction des prix de l'énergie pouvant atteindre 4 %.  Les mesures pro-nucléaires prises par le Japon donneront-elles des idées à l'Allemagne, plongée en pleine crise énergétique ? Il est également important de noter que l'Union européenne a approuvé l'énergie nucléaire en tant qu'investissement ESG. Par ailleurs, le 6 juillet 2022, le Parlement européen a voté favorablement l'inclusion de l'énergie nucléaire dans la nomenclature énergétique de l'UE en faveur de la finance durable.

Outre-Atlantique, l'énergie nucléaire a également été un sujet abordé à plusieurs reprises par Elon Musk, qui a déclaré que " la fermeture des centrales nucléaires sans empreinte carbone serait un préjudice pour la planète ". La loi américaine sur la réduction de l'inflation, signée par le président Joe Biden, donne la priorité à l'énergie nucléaire dans le secteur de l'énergie, ce qui pourrait améliorer les conditions de la demande sur le marché mondial et national (américain) des producteurs d'uranium. Les États-Unis envisagent également de prolonger l'exploitation de centrales, dont l'une des plus grandes de Californie, Diablo Canyon, qui a assuré jusqu'à présent près de 10 % de l'approvisionnement en électricité de l'État.

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Nous pouvons constater que le prix de l'uranium a jusqu'à présent évolué selon des cycles irréguliers, interrompus à plusieurs reprises par des catastrophes comme l'inondation de la mine de Three Mile Island (1979), l'accident de Tchernobyl (1986) et le tsunami de Fukushima (2011), ainsi que la crise financière de (2008). Source :  Sprott, TradeTech

Quelles valeurs profiteront de la hausse de la demande d'uranium ?

Uranium Energy Corp (UEC.US) est la seule grande société américaine qui extrait actuellement de l'uranium et dispose de licences d'exploitation lui permettant de lancer un marché d'approvisionnement national aux États-Unis. En l'absence de concurrence significative aux États-Unis, l'entreprise peut profiter de la transition et devenir le principal fournisseur d'uranium pour les centrales électriques américaines. Les recherches d'UEC ont prouvé l'existence de réserves massives de minerai d'uranium aux États-Unis, dans les États du Wyoming et du Texas, alors que qu'à présent, les États-Unis ont importé des quantités massives d'uranium du Canada et de la Russie. Il est à noter que les États-Unis explorent encore le potentiel des petits réacteurs SMR (Small Modular Reactor), préconisés notamment par Bill Gates et Warren Buffett.

D’un autre côté, Kazatomprom (KAP.UK) est le plus grand producteur d'uranium au monde et assuré en 2021 près de  25 % de l'offre mondiale, en fournissant quelque 12 000 tonnes d'U308. La société dispose actuellement d'environ 351 000 tonnes de réserves de cette matière première dans ses mines, des réserves qui pourraient satisfaire la demande mondiale pendant plus de 6 ans. A noter que l'entreprise verse régulièrement des dividendes.

Kazatomprom bénéficie d'un avantage concurrentiel important grâce à son accès à une exploitation minière à faible coût par le biais de ses mines in situ (ISR In Situ Recovery Mining), des gisements de minerai d'uranium facilement accessibles et abondants au Kazakhstan. L'augmentation de la production dans les mines conventionnelles comme celle de Cigar Lake (et dans toute la région du bassin uranifère de la Saskatchewan au Canada) est plus coûteuse et plus difficile que celle des mines fonctionnant avec la technologie ISR. Les coûts miniers relativement modestes de Kazatomprom, environ 9 dollars par livre d'uranium, face à une matière première dont le prix de vente est supérieur à 50$ par livre, offrent un avantage non négligeable à la société.

Cependant, ces perspectives prometteuses sont écornées par les risques géopolitiques qui pourraient potentiellement impacter la chaîne d'approvisionnement de cette matière première et des autres produits de la société (béryllium, tantale, niobium). Par ailleurs, le Kazakhstan étant soumis  à l'influence impériale de la Russie, les investisseurs semblent se détourner de Kazatomprom. Cette méfiance semble persister malgré le fait que le Kazakhstan ait pris ses distances suite au conflit en Ukraine, refusant toute aide militaire au Kremlin. La situation géographique du Kazakhstan semble être la principale raison pour laquelle le cours de Kazatomprom n'a pas connu de hausse significative, bien que le prix de l'uranium ait augmenté de près de 50 %.

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Selon les informations présentées par la société, la liaison commerciale peut contourner le territoire russe, en naviguant par la mer Caspienne (Aktau), le port d'Alat, Porti Poti et les détroits turcs offrant une ouverture vers la mer Méditerranée et le marché mondial. Une chaîne d'approvisionnement distincte partant du Kazakhstan mène à l'Asie de l'Est. La Chine et l'Inde, qui prévoient de produire 22 480 MW d'énergie nucléaire d'ici 2031, pourraient devenir les principaux marchés de Kazatomprom à l'avenir. Au cours des trois dernières années, les importations d'uranium de Kazatomprom en Inde se sont élevées à plus de 4 500 tonnes, contre moins de 3 000 tonnes importées du deuxième plus grand producteur, Cameco. L'Inde prévoit de mettre en service 4 nouveaux réacteurs nucléaires dans le courant de l'année et 36 nouveaux réacteurs d'ici 2028, dont certains ont déjà reçu un permis de construire. Source : Kazatomprom

Point technique

Le cours des actions Kazatomprom (KAP.UK) a encore une fois invalidé la cassure du retracement de Fibonacci à 61,8%, invalidant de ce fait une large formation en épaule-tête-épaule. Si le rebond se poursuit et que les acheteurs parviennent à se hisser au-dessus des sommets de la mi-avril aux alentours de 36,50, la voie sera ouverte vers le retracement de Fibonacci à 23,6%, dernier rempart avant les records historiques.

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Réda Aboutika, chef analyste XTB.

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