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Comment la politique monétaire affecte vos investissements

La politique monétaire se réfère aux stratégies employées par la banque centrale d'un pays à l'égard de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie et de sa valeur. L'objectif principal de la politique monétaire est une croissance économique à long terme, mais les banques centrales peuvent fixer différents objectifs à cette fin. Aux états-Unis, l'objectif de politique monétaire de la réserve fédérale est de promouvoir l'emploi, des prix stables et des taux d'intérêt à long terme modérés. La banque du Canada vise à maintenir l'inflation autour de 2 % avec l'idée qu'une inflation faible et stable est la meilleure contribution que la politique monétaire peut apporter à une économie productive qui fonctionne bien.

Les traders et investisseurs doivent connaitre les politiques monétaires des banques centrales, car elles peuvent avoir un impact significatif sur les portefeuilles d'investissement.

Politique monétaire

Impact sur les investissements

La politique monétaire peut être restrictive, accommodante ou neutre. Lorsque qu'une économie est en croissance trop rapide et l'inflation en hausse, une banque centrale peut prendre des mesures pour refroidir l'économie en augmentant les taux d'intérêt à court terme, ce qui constitue une politique monétaire restrictive. Inversement, lorsque l'économie est atone, la banque centrale va adopter une politique accommodante en abaissant les taux d'intérêt à court terme pour stimuler la croissance et remettre l'économie sur les rails.

L'impact de la politique monétaire sur les investissements est donc directe et indirecte. L'impact direct se fait par le niveau et la direction des taux d'intérêt, tandis que l'effet indirecte se fait à travers les attentes concernant la direction de l'inflation.

Outils de politique monétaire

Les banques centrales ont un certain nombre d'outils à leur disposition. Par exemple, la réserve fédérale dispose principalement de trois outils pour sa politique monétaire :

  • Les opérations d'open market qui impliquent l'achat et la vente d'instruments financiers par la réserve fédérale ;
  • Le taux d'intérêt appliqué par la réserve fédérale aux institutions de dépôts sur les prêts à court terme ;
  • Les réserves obligatoires, ou la proportion des dépôts que les banques doivent conserver en réserve.

Les banques centrales peuvent également recourir à des instruments de politique monétaire non conventionnelle pendant les périodes particulièrement difficiles. Dans la foulée de la crise du crédit mondiale de 2008-09, la réserve fédérale a été contrainte de maintenir les taux d'intérêt à court terme proches de zéro pour stimuler l'économie américaine. Lorsque cette stratégie n'a pas eu l'effet escompté, elle a utilisé des cycles successifs de mesures d'assouplissement quantitatif (QE), qui ont impliqué l'achat à long terme des titres adossés à des créances auprès d'institutions financières. Cette politique a exercé une pression à la baisse sur les taux d'intérêt à long terme et a injecté des centaines de milliards de dollars dans l'économie américaine.

Effet de certaines classes d'actifs

La politique monétaire affecte les classes d'actifs primaires comme les actions, les obligations, la liquidité, l'immobilier, les matières premières et les devises. Les effets des changements de politique monétaire sont résumés ci-dessous (il convient de noter que l'impact de ces changements est variable et peut ne pas suivre le même schéma à chaque fois).

Politique monétaire accommodante

  • Pendant les périodes de politique accommodante ou "d'argent facile", les marchés actions sont généralement en hausse. Par exemple, l'indice Dow Jones et le S&P 500 ont atteint des niveaux records au cours du premier semestre 2013. Cette hausse des marchés boursiers s'est produite quelques mois après le lancement du QE3 en septembre 2012, la réserve fédérale s'engageant à acheter chaque mois 85 milliards de dollars de titres à long terme jusqu'à ce que le marché du travail montre une amélioration substantielle.

  • Avec des taux d'intérêt très bas, les rendements obligataires ont tendance à être en baisse et leur relation inverse avec les prix des obligations signifie que les titres avec un revenu fixe annoncent des hausses de prix plus importantes. Les rendements du trésor américain étaient au plus bas à la mi-2012, les bons du Trésor à 10 ans produisant moins de 1,40 % et les bons du Trésor à 30 ans produisant environ 2,46 %. La demande d'un rendement plus élevé dans cet environnement à faible rendement a conduit à un grand nombre d'appels d'offres pour les obligations de sociétés, envoyant leurs rendements vers de nouvelles baisses et permettant à de nombreuses entreprises d'émettre des obligations avec des coupons historiquement bas. Toutefois, ce principe est uniquement valable si les investisseurs sont convaincus que l'inflation est sous contrôle. Si la politique est accommodante pendant trop longtemps, les craintes d'inflation peuvent avoir pour conséquence une baisse des obligations, car les rendements s'adaptent aux attentes inflationnistes.

  • L'argent n'est pas roi pendant les périodes de politique accommodante, les investisseurs préfèrent placer leur argent n'importe où, plutôt que de le garder dans des dépôts qui fournissent des rendements minimes.

  • L'immobilier a tendance à être en forme quand les taux d'intérêt sont bas, car les propriétaires et les investisseurs profitent des taux hypothécaires exceptionnellement bas. Il est largement reconnu que le faible niveau des taux d'intérêt américains en 2001-04 a contribué à alimenter la bulle immobilière de la nation.

  • Les matières premières sont les actifs risqués par excellence, elles ont tendance à s'apprécier pendant les périodes de politique accommodante pour un certain nombre de raisons. L'appétit pour le risque est alimenté par les faibles taux d'intérêt et la demande physique est forte lorsque les économies sont en croissance. Des taux exceptionnellement bas peuvent également conduire des préoccupations au niveau de l'inflation.

  • L'impact sur ​​les devises au cours de ces périodes est plus difficile à déterminer, mais il serait logique de s'attendre à voir une dépréciation de la monnaie d'une nation qui a une politique accommodante. Mais que faire si la plupart des devises ont de faibles taux d'intérêt, comme ce fut le cas en 2013 ? L'impact sur les devises dépend alors du degré de stimulation monétaire et des perspectives économiques pour un pays spécifique. Par exemple, la performance du yen japonais a brusquement diminué contre la plupart des devises durant la première moitié de 2013. La monnaie est tombée avec les attentes d'assouplissement monétaire de la Banque du Japon. Elle l'a fait en avril en s'engageant à doubler la base monétaire du pays en 2014. La vigueur inattendue du dollar américain, également dans la première moitié de 2013, démontre l'effet des perspectives économiques sur une devise. Le billet vert a pris de la valeur contre presque toutes les devises suite aux améliorations significatives en matière de logement et d'emploi qui ont alimenté la demande mondiale d'actifs financiers américains.

Politique monétaire restrictive

  • Les marchés actions sous-performent pendant les périodes de politique monétaire restrictives, les taux d'intérêt plus élevés limitent l'appétit pour le risque et rendent relativement coûteux les achats de titres sur marge. Cependant, il y a généralement un décalage important entre le moment où une banque centrale commence un resserrement de la politique monétaire et où les actions touchent un point haut de retournement. à titre d'exemple, quand la Réserve fédérale a commencé à relever ses taux d'intérêt à court terme en juin 2003, les actions américaines ont atteint un point haut en octobre 2007, près de 3 ans et demi plus tard. Cet effet retard est attribuable à la confiance des investisseurs qui pensent que la croissance économique sera assez forte pour que les bénéfices des sociétés absorbent l'impact des taux d'intérêt plus élevés.

  • Les taux d'intérêt à court terme sont un gros point négatif pour les obligations. Les obligations ont subi une baisse historique en 1994 quand la Réserve fédérale a relevé son taux directeur à 3 % au début de l'année et à 5,5 % en fin d'année.

  • Pendant les périodes de politique monétaire restrictive, les taux de dépôt plus élevés incitent les consommateurs à épargner plutôt qu'à dépenser. Les dépôts à court terme permettent généralement de profiter de la hausse des taux.

  • Le marché de l'immobilier s'effondre lorsque les taux d'intérêt sont en hausse, car les crédits immobiliers coûtent plus cher, conduisant à une baisse de la demande chez les propriétaires et les investisseurs. L'exemple classique de l'impact désastreux de la hausse des taux sur le logement est l'éclatement de la bulle immobilière américaine à partir de 2006. Elle a largement était précipitée par une forte hausse des taux d'intérêt hypothécaires variables, suivi du taux des fonds fédéraux qui est passé de 2,25 % au début de l'année 2005 à 5,25 % fin 2006.

  • Le trading des matières premières est en quelque sorte semblable aux actions ordinaires durant les périodes de politique restrictive, le mouvement haussier se maintient dans la phase initiale de resserrement monétaire avant de subir une forte baisse à cause des taux d'intérêt plus élevés qui ralentissent l'économie.

  • Les taux d'intérêt plus élevés, ou même la perspective de taux plus élevés, ont généralement tendance à stimuler la monnaie nationale. Par exemple, le dollar canadien s'échangeait au-dessus de la parité avec le dollar américain pendant la majeure partie du temps, entre 2010 et 2012, le Canada était la seule nation du G-7 à maintenir un resserrement de sa politique monétaire au cours de cette période. Cependant, la monnaie a chuté face au billet vert en 2013 quand il est devenu évident que l'économie canadienne se dirigeait vers une période de croissance plus lente que les états-Unis, conduisant une anticipation d'un changement de politique monétaire de la Banque du Canada.

Hausse des taux d'intérêt

Positionnement du Portefeuille d'investissements

Les investisseurs peuvent augmenter leurs rendements en positionnant leurs portefeuilles en fonction de l'évolution de la politique monétaire. Un tel positionnement du portefeuille dépend du type d'investisseur, car la tolérance au risque et l'horizon d'investissement sont des facteurs déterminants pour prendre des décisions sur ces mouvements.

  • Les investisseurs agressifs : pendant les périodes politiques accommodante, les jeunes investisseurs avec de longs horizons de placement et un degré élevé de tolérance au risque peuvent opter pour une forte pondération d'actifs risqués tels que les actions et l'immobilier. Cette pondération doit être réduite quand la politique devient plus restrictive. Avec du recul, l'investissement idéal aurait été en actions et dans l'immobilier de 2003 à 2006 et ensuite de prendre une partie des bénéfices tirés de ces actifs pour les investir dans des obligations de 2007 à 2008, puis de revenir sur le marché actions en 2009.

  • Les investisseurs prudents : ces investisseurs ne peuvent pas se permettre d'être trop agressif avec leur portefeuille, mais ils doivent aussi prendre des mesures pour préserver leur capital et protéger les bénéfices. Tout particulièrement pour les retraités, car les portefeuilles de placement sont une source essentielle de revenu à la retraite. Pour ces investisseurs, la stratégie recommandée est d'équilibrer l'exposition aux actions quand les marchés touchent un point haut, d'éviter les matières premières et les investissements à effet de levier et de verrouiller les dépôts à terme à taux élevés si la tendance des intérêt semble être à la baisse. La règle de base pour la composante capitaux propres d'un investisseur conservateur est d'environ 100 moins l'âge de l'investisseur, ce qui signifie qu'une personne de 60 ans ne devrait pas avoir plus de 40 % de son capital investi en actions. Toutefois, si cela s'avère être trop agressif pour un investisseur prudent, la composante capitaux propres d'un portefeuille peut être équilibrée différemment.

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