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#1 05-09-2019 18:24:00

Climax
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Comment les marchés réagiront-ils aux restrictions de l'ASIC ?


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Il y a deux semaines, l'Australian Securities and Investments Commission (ASIC) a annoncé son intention d'interdire les options binaires et de restreindre fortement l'utilisation des CFD pour protéger les citoyens australiens et répondre aux plaintes de plus en plus nombreuses. Le régulateur a ensuite publié un document de consultation pour les parties intéressées qui souhaitent faire des commentaires avant le 1er octobre.

L'annonce a été un peu surprenante, dans la mesure où l'ASIC avait pris son temps pour parvenir à une décision, que d'autres grands régulateurs avaient déjà proposée et mise en œuvre avec des conséquences, tant positives que négatives. Les régulateurs aux États-Unis et au Canada n'ont jamais autorisé les options binaires, à moins qu'elles ne soient négociées sur une bourse réglementée, et les CFDs n'ont jamais été qualifiés de "titres" en vertu des lois locales. Dans l'UE, l'ESMA et la FCA au Royaume-Uni ont instauré des interdictions et des restrictions d'une manière similaire à celle proposée par l'ASIC, ainsi que de nouvelles règles pour mettre fin aux pratiques commerciales agressives des maisons de courtage.

Les réactions du marché, seront-elles différentes en Australie et dans les autres économies développées du monde ?

Pour l'instant, nous ne pouvons que spéculer. Ce qui est étrange dans cet exercice, c'est que les brokers australiens ont bénéficié d'une migration de clients de ces autres régions qui ont imposé de lourdes restrictions. L'ASIC semble vouloir protéger ses propres citoyens, mais à l'heure actuelle, les derniers chiffres concernant l'usage domestique, bien qu'estimés pour le moment, ne sont que de 17%. Soixante pour-cent des traders viennent d'autres pays d'Asie, et un tiers de ce pourcentage, soit environ 21 %, réside en Chine.

La gestion du processus s'est apparemment mal déroulée. James Shipton, le nouveau président de l'ASCI, a pris ses fonctions en janvier 2018. Cette initiative est peut-être de sa faute, mais les faits parlent d'eux-mêmes. Un rapport de 2017 a mis en évidence des taux de pertes de 80% pour les options binaires et de 73% pour les CFDs. Au cours des deux dernières années, les utilisateurs de ces produits ont doublé. L'année dernière, les clients australiens ont perdu 490 millions de dollars avec les options binaires, et le nombre de plaintes, qui n'était que de 500 en 2015 est déjà à plus de 3 000 pour les deux premiers trimestres de 2019. L'effet de levier de 500:1 a été cité comme un problème majeur, de même que les méthodes de marketing excessives, qui seront également limitées.

Par conséquent, le document de consultation est très précis :

"Notre proposition d'intervention sur les produits signifiera effectivement que les options binaires ne seront plus légalement disponibles pour les clients particuliers en Australie. Nous nous attendons à ce que cette mesure importante réduise les préjudices subis par les clients."

Le Sydney Morning Herald (SMH) a contacté John Price, un des quatre commissaires de l'ASIC, pour avoir des commentaires :

"Certes, l'effet de levier est un élément préoccupant. Les propositions ne sont nullement incompatibles avec ce que font toute une série d'organismes de réglementation dans le monde entier. Un certain nombre de pays étrangers ont déjà mis en place des mesures semblables aux nôtres."

"L'effet de levier serait ramené de 500:1 à 20:1 pour les CFDs hors actions, et à 15:1 pour les actions."

Quelles seront les conséquences pour le marché des actions ?

Après avoir été témoins de mesures de répression similaires qui se sont propagées du marché américain, puis en Europe, et maintenant dans les pays en aval, les spéculations laissent déjà entendre que les données historiques fourniront la feuille de route pour ce qui est à venir. Les marchés financiers sont aujourd'hui mondiaux et interconnectés. Les clients et les brokers s'adapteront en déménageant dans des juridictions plus accommodantes.

La première conséquence est déjà en mouvement, pour ainsi dire. La majorité du portefeuille de clients de chaque broker australien est fortement pondérée à l'étranger. Les brokers sont donc déjà en train de réorganiser et de former des filiales sur des marchés étrangers comme les Seychelles ou le Belize, où ils ont l'intention de déplacer leurs activités lucratives. L'effet de levier élevé est un attrait majeur qui continuera d'exister e à l'extérieur de l'Australie, et tant que les taux de pertes des clients demeureront élevés, il y aura toujours une pression sur les départements marketing pour livrer de nouveaux clients.

Qu'en est-il des clients - vont-ils faire leurs valises et trouver un nouveau broker à l'étranger avec qui traiter ? Si nous prenons l'exemple de l'Europe, CMC Markets, Plus500 Ltd et le groupe IG ont perdu des clients étrangers lorsqu'ils ont dû instaurer une limitation de l'effet de levier. Toutefois, ces brokers ont pris des mesures pour encourager leurs clients à transférer leurs activités dans leurs filiales australiennes. CMC a divulgué que 31 % de ses revenus proviennent de ses activités en Australie. Plus500 déclare que l'Australie représente aujourd'hui 15% de son chiffre d'affaires, mais possède-t-il déjà des filiales aux Seychelles ou à Singapour ?

La question de l'attrition de la clientèle à l'égard d'un fournisseur étranger inconnu n'a pas encore été tranchée. Les Asiatiques sont plus qu'éduqués sur les aspects frauduleux des transactions avec un broker étranger non réglementé. Les pertes ont été légendaires et la nouvelle s'est répandue. Il y a aussi un autre problème. L'Australie pourrait bénéficier de ce que certains appellent "l'effet Halo". Les brokers australiens se sont forgé une réputation bien méritée d'être extrêmement professionnels et de respecter des normes éthiques très élevées. La clientèle dans la région est donc très fidèle. Confrontés à des actions similaires dans le passé, les clients ont augmenté leurs dépôts et négocié plus souvent.

Les journalistes du SMH ont interrogé un cadre local de l'industrie, qui souhaite garder l'anonymat, sur cette même question :

"Je doute que cela empêche les petits traders d'effectuer des transactions, ils pourront adapter leur comportement et détenir plus d'argent dans leur compte. J'espère vraiment que ces mesures n'auront pas pour conséquence involontaire de pousser les clients australiens à l'étranger."

"En Australie, nous avons des entreprises fortement réglementées, pleinement autorisées et responsables envers l'ASIC qui offrent ce produit d'une manière responsable. Lorsqu'un client part à l'étranger, il perd ces protections et j'encourage les traders australiens à continuer de faire affaire avec des entreprises australiennes bien réglementées et à réfléchir très attentivement (particulièrement aux risques) avant de partir à l'étranger."

Que feront d'autre les brokers australiens ? Les observateurs locaux s'attendent à ce que les brokers fassent pression sur l'ASIC pour que les niveaux d'effet de levier proposés soient plus raisonnables et que les délais de mise en œuvre soient plus longs. Les traders pourraient se tourner vers des plates-formes offshores plus risquées, et l'ASIC ne devrait pas faire tout ce qui est en son pouvoir pour motiver les clients à s'installer ailleurs. La mise en œuvre de nouvelles règles lorsque des infrastructures technologiques disparates sont impliquées nécessite plus de temps et de tests.

Observations finales

Les pertes dues aux options binaires ont laissé un mauvais goût dans la bouche de tous les régulateurs de la planète, mais leur existence se perpétue dans des marchés exotiques lointains. L'industrie du trading préfère qualifier l'activité des CFD de "trading spéculatif ", mais nombreux sont ceux qui, dans le camp réglementaire, les considèrent encore comme de simples "jeux d'argent en ligne". L'instauration de règles visant à freiner le désir des gens de jouer n'a que rarement réussi, laissons le marché s'en occuper.

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Le trading de CFD implique un risque de perte significatif, il ne convient donc pas à tous les investisseurs. 74 à 89% des comptes d'investisseurs particuliers perdent de l'argent en négociant des CFD.

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